Mise à jour le vendredi 28 novembre 2014 à 12 h 47 HNE
Les études démontrant les effets des commotions cérébrales sur le cerveau s’accumulent, mais des chercheurs québécois viennent de découvrir qu’elles auraient un impact beaucoup plus global : elles pourraient aussi affecter le rythme cardiaque.
Le sport de contact est l’une des principales causes de commotion cérébrale. Déterminer le moment du retour au jeu est une décision délicate puisqu’il n’existe aucun appareil accessible et simple qui aide à déterminer sur-le-champ si le joueur vient de subir une commotion.
Le neuropsychologue Dave Ellemberg de l’Université de Montréal étudie les effets des commotions cérébrales chez les sportifs depuis plusieurs années. Il cherche un outil fiable pour diagnostiquer les commotions et permettre un retour au jeu sécuritaire.
L’une des fonctions affectées serait le rythme cardiaque, une fonction automatique contrôlée par le système nerveux autonome. Situé à la base du cerveau, il envoie des signaux 24 heures sur 24 pour ralentir ou accélérer le cœur, pour lui permettre à tout moment de fournir le bon volume de sang oxygéné.
Le chercheur et son étudiant Joseph Abaji ont vérifié le rythme cardiaque de jeunes sportifs après une commotion et l’ont comparé à celui d’athlètes qui n’ont pas eu de commotion. Ils ont utilisé un dynamomètre, un appareil qui mesure la force appliquée par la main lorsqu’elle serre une poignée. On a demandé aux athlètes de tenir la poignée du dynamomètre à 30 % de sa force pendant trois minutes. Cet effort soutenu est suffisant pour faire réagir le cœur.
Le Pr Ellemberg explique que ce test est sécuritaire puisqu’il ne demande pas à l’athlète de courir ou de sauter alors qu’on le soupçonne de subir une commotion cérébrale.
Les battements du cœur ont été captés à l’effort avec le dynamomètre et au repos, et on a mesuré la variabilité de la fréquence cardiaque – c’est-à-dire les intervalles entre les battements cardiaques – pour voir si le cœur s’ajuste bien à la demande.
Au repos, les résultats sont les mêmes. Mais à l’effort, le cœur des athlètes qui ont subi une commotion répond deux fois moins bien que celui des athlètes sans commotion. Le cœur éprouve de la difficulté à s’adapter à la demande lors d’un effort physique et cela peut durer jusqu’à six mois après la commotion.
Pour Dave Ellemberg, les résultats de l’étude impliquent qu’il faut changer les façons de faire. Il pense toutefois avoir mis le doigt sur un phénomène physiologique qui est facile à mesurer, objectif et fiable.
Des conclusions d’autant plus importantes sachant qu’après une première commotion cérébrale, le cerveau reste marqué et devient plus à risque d’en subir une autre.